miércoles, 2 de febrero de 2011

LES MASSES ÉBRANLENT LE MONDE; LA RÉVOLUTION. Le drapeau rouge- PCR_Canada



Moyen-Orient: après la Tunisie, l'Égypte



LES MASSES ÉBRANLENT LE MONDE; LA RÉVOLUTION


DOIT LE CHANGER!




Depuis le mois de décembre, de la Tunisie à

l'Égypte, du Maroc à l'Algérie en passant par la

Jordanie ou jusqu'au Yémen, les régimes arabes

consolidés artificiellement par «90 ans

d'intrusion occidentale» sont soudainement

ébranlés et menacés d'être foutus à la porte. Le

dictateur Ben Ali, après 23 ans de règne marqué

par la corruption et les injustices, s'est enfui

de la Tunisie dans la honte. En Egypte, Hosni

Moubarak, qui règne en maître et dictateur

depuis 30 ans et qui s'apprêtait à passer le

relais à son fils, est menacé du même sort, du

moins au moment d'écrire ces lignes.



La jeunesse, largement prolétaire en Tunisie, en

Égypte, mais aussi en Algérie et au Maroc,

pauvre et sans avenir, vivotant avec 2 dollars

par jour, éduquée mais exclue; aux prises avec

une nouvelle hausse du coût de la vie, victime

d'un taux de chômage moyen de près de 25%, brûle

aujourd'hui les pavés et laisse enfin aller sa

colère contre ces régimes pourris.



Après des décennies où elles ont vu les

capitales impérialistes soutenir des régimes

corrompus qui les oppriment, appuyer Israël dans

sa politique de destruction du peuple

palestinien et mener des guerres injustes en

Afghanistan et en Irak, les masses arabes

prennent aujourd'hui le chemin de la

mobilisation. La jeunesse du Moyen-Orient et en

son sein des millions de prolétaires accélèrent

aujourd'hui un mouvement, celui de la lutte des

classes. Une lutte aujourd'hui spontanée et

soudaine, qui met en marche cette jeunesse

prolétaire, qui veut vivre dans la dignité,

avoir le droit de travailler, de se loger et de

se nourrir décemment et qui veut aussi le droit

de décider de son avenir.



Car il s'agit bien de cela: À bas la misère! À

bas la corruption! On veut manger! On veut

travailler! Bien plus qu'un simple cri réclamant

«la liberté et la démocratie», la jeunesse

arabe, qui représente aujourd'hui une majorité

de la population de ces pays, veut du pain, du

travail et la fin de toutes les injustices. Elle

souhaite jeter dehors des régimes profondément

corrompus, qui excluent l'immense majorité de la

population de la vie démocratique, et qui ne

servent que leurs intérêts et ceux de leurs amis

impérialistes. Nous joignons nos voix à ceux et

celles qui ne s'en tiendront pas à un changement

de façade, mais qui voudront poursuivre le

mouvement jusqu'à un bouleversement

véritablement révolutionnaire de toute la

société.



Ces richissimes gouvernements imposaient et

imposent encore à leur peuple une vie de misère,

une exploitation et une répression qui durent

depuis des décennies. L'État canadien, comme

tous ses amis impérialistes, n'ont jamais rien

trouvé à y redire. Ceux-ci ont pourtant semé la

guerre en Afghanistan et en Irak, sous ces mêmes

prétextes. Pour les impérialistes, la liberté

est un élastique qu'ils étirent au gré de leurs

intérêts. On en mesure, encore une fois

aujourd'hui, toute l'hypocrisie.



Certains et certaines voudraient bien que cet

élan et ce mouvement s'arrêtent là où nos

démocraties bourgeoises se sont elles-mêmes

arrêtées: à des élections, et à quelques

changements oui, mais à condition que les

nouveaux dirigeants maintiennent la même

politique au service du système impérialiste

mondial... de nouveaux dirigeants qui à terme,

continueront encore de représenter une minorité

au pouvoir, plutôt que le pouvoir aux mains de

l'ensemble des masses prolétariennes du pays.



Encore récemment, en Argentine au début des

années 2000, grâce à la mobilisation de la rue,

les masses ont jeté dehors pas moins de trois

présidents successifs. Pourtant, aujourd'hui,

c'est toujours la bourgeoisie, et c'est encore

le capitalisme qui règne en maître en Argentine.

Malgré quelques expériences improvisées au cours

de la lutte, de comité de citoyenNEs ou de

coopératives, le mouvement des masses en

Argentine a profondément souffert d'un manque

d'organisation, de préparation et de direction,

tant en termes politique que de défense armée.

Le mouvement a ébranlé la société, sans pour

autant réussir à la transformer ou à prendre le

pouvoir.



Aujourd'hui, en Tunisie comme en Egypte bien

qu'à des degrés différents, il est manifeste

qu'aucune force politique révolutionnaire,

communiste ou populaire, n'est à l'origine des

révoltes. Et aucune force ne semble en mesure de

saisir cette situation révolutionnaire pour

renverser le pouvoir bourgeois aujourd'hui. Rien

n'est donc gagné, et il est vraisemblable que la

bourgeoisie au pouvoir, tant en Egypte, en

Tunisie que dans les capitales impérialistes,

réussira à empêcher le mouvement d'aller

jusqu'au bout, du moins pour l'instant. Mais les

révoltes actuelles et la formidable mobilisation

qui se produisent vont sans doute créer les

conditions - il faut le souhaiter! - pour

l'émergence d'une force politique véritablement

révolutionnaire, organisée et préparée, qui

pourra tirer les leçons et les limites du

mouvement spontané actuel. En un mot, à ceux et

celles qui croient que la révolution est en voie

d'être accomplie dans ces pays, elle n'en est en

fait qu'à ses débuts!



L'histoire révolutionnaire du prolétariat et des

masses opprimées a été marquée non seulement par

des victoires, mais aussi par des épisodes

douloureux et des défaites amères dans la lutte

pour la libération du joug bourgeois. Ces

défaites ou ces reculs sont autant d'expériences

qui doivent permettre aux masses, non seulement

de déclencher un mouvement, mais de le

transformer en victoires réelles pour la

majorité. Elles ont permis au prolétariat de

développer une stratégie de la révolution. Une

stratégie qui nécessite absolument la

mobilisation active des masses. Mais cette

mobilisation ne suffit pas à procurer la

victoire.



L'histoire a démontré que sans une stratégie

préparée, sans une organisation consciente des

prolétaires et des paysans, sans une

organisation à la fois politique et armée des

masses, il n'est pas possible de faire avancer

la révolution jusqu'à la prise du pouvoir par

elles et encore moins jusqu'à la transformation

profonde des rapports de classe dans la société.

La forme la plus avancée aujourd'hui de cette

stratégie de la révolution, c'est la guerre

populaire prolongée.



Les manifestations quotidiennes réclamant la fin

d'un pouvoir corrompu aux allures de dictatures

sont bien sûr un élan formidable. Un élan et une

leçon pour nous tous prolétaires de tous les

pays, sur l'immense force que peut représenter

la colère des masses, quand celles-ci se mettent

en action. Cette démonstration vivante doit nous

servir d'inspiration et renforcer notre

confiance: les masses ont le pouvoir d'ébranler

le monde! Et elles l'ont fait souvent dans

l'histoire. À l'autre bout du monde, au Népal en

2008, les masses ont jeté dehors le roi

Gyanendra après des jours et des semaines de

grèves, dans certains cas armées, et surtout,

après une guerre populaire préparée, organisée

et menée pendant 10 ans par le parti maoïste du

Népal.



Cette expérience de guerre populaire, d'abord

politique, mais aussi militaire, d'accumulation

de forces, de mobilisations et de préparation

des masses à l'exercice d'un pouvoir populaire,

est une expérience historique totalement

différente. C'est cette préparation, et

l'organisation consciente des prolétaires et des

paysans dans une force politique et militaire

organisée, qui a permis aux masses de prendre et

d'exercer le pouvoir dans des zones libérées,

avant même la chute du roi et d'enclencher la

transformation profonde des rapports de classes

dans la société. Cette stratégie de la

révolution dont le cœur est la préparation,

l'accumulation des forces, la création d'un

parti, d'un front uni des masses et d'une armée

populaire, a permis d'arracher une victoire qui,

bien qu'encore fragile - la bourgeoisie et

l'impérialisme feront tout pour regagner ce

qu'ils ont perdu - a créé les conditions pour

une réelle transformation de la société vers le

socialisme.



Comme prolétaires ici même au Canada, il faut

appuyer de tout coeur ces millions de jeunes

hommes et femmes qui prennent aujourd'hui le

chemin de l'action au Moyen-Orient, pour

transformer les choses et faire tomber ces vieux

régimes réactionnaires! Ils et elles nous

démontrent comme au temps de la Commune, ou de

la Russie de 1905 puis de celle de 17, comme en

Chine en 1949 ou au Népal, que ce sont les

masses qui font l'histoire. À nous d'en tirer

toutes les leçons et de transformer ces moments

de l'histoire en victoires pour les masses du

monde entier.

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