miércoles, 13 de noviembre de 2013

OCCITANIA: Texto del Comité de Construction pour le Parti communiste révolutionnaire des Terres d'Òc

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800 ans après la Conquista, après 8 siècles de ‘provincialisation’, de périphérisation dans et par le système étatique-impérial ‘France’, alors que le capitalisme qui a construit ce système est entré en crise terminale, le prolétariat et les masses populaires d’Occitània relèvent la tête. Il est temps de se doter du seul outil conséquent et efficace pour notre Libération, en tant que Peuple nié et en tant que classes exploitées !
Le 12 septembre 1213, il y a 800 ans, sur le champ de bataille de Muret près de Tolosa, était scellé dans le fracas des armes et les rivières de sang le sort de nòstre Occitània. Commençait alors, à coup d’administrateurs royaux, la liquidation politique de notre Nation, qui devait déboucher sur le découpage départemental de 1790, le règne des préfets napoléoniens puis ‘républicains’ et enfin, à l’ère des monopoles, sous la sinistre ‘République’ qui devait naître dans la répression-boucherie des Communes et s’achever dans la vergonha des pleins pouvoirs à Pétain, la tentative de nous nier jusqu’en tant que Peuple.
Depuis le début de son règne (1180), le roi franc capétien Philippe II Auguste s’était lancé à la ‘conquête de l’Ouest’ de l’actuel Hexagone, les domaines Plantagenêt, comprenant la partie ouest de l’Occitanie, le duché d’Aquitaine-Gascogne (globalement, nos 'régions' Aquitaine, Limousin et Auvergne) : ainsi naquit l’État français, et Philippe Auguste devint le premier roi de France. En Languedoc en revanche, qui comme la Provence était une mosaïque de fiefs et de cités-États relevant soit du roi d’Aragon-Catalogne, soit du comte de Toulouse (lui-même plus ou moins vassal du premier), la Conquista prit la forme d’une sanglante Croisade, sous le prétexte, au nom de Dieu et du Saint-Père le Pape, d’écraser l’hérésie albigeoise plus connue sous le nom de cathares, que les nobles occitans étaient accusés de protéger (c’était vrai et au demeurant, la tolérance de notre terre s’appliquait aussi aux Juifs, aux Maures venus d’Andalus et à bien d’autres encore)… Un peu comme, aujourd’hui, l’impérialisme lance ses guerres de rapines au prétexte que tel ou tel pays ‘abrite le terrorisme’ – et on en passe et des meilleures. La direction de la Croisade fut confiée au petit baron francilien Simon de Montfort. Ses hordes du Nord déferlèrent alors sur notre Peuple comme une nuée de sauterelles, pour faire main basse sur ses richesses, s’y tailler des fiefs par l’épée et commettre des atrocités sans nom, comme le massacre de Béziers en 1209 (‘tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !’). La résistance à l’invasion fut d’abord surtout l’œuvre de la petite noblesse (chevalerie), des comtes Trencavel et des masses populaires. Il fallut plusieurs années pour que le comte de Toulouse, Raymond VI, qui s’était même dans un premier temps rallié à la Croisade ( !), ne prenne la mesure de ce qui se tramait et ne se décide à réagir.
L’année 1213 marqua un tournant avec l’intervention du suzerain des suzerains d’Occitània, le roi Pierre II d’Aragon, auquel le comte de Toulouse fit allégeance. Jusque-là, celui-ci était sans doute trop absorbé… par ses ambitions de ‘re’-Conquista ibérique, participant notamment à la bataille de Navas de Tolosa, début de la fin d’Al-Andalus, qui n’apportera pratiquement rien à son royaume mais fera de la Castille la puissance incontestée de la péninsule, annonçant l’État espagnol… qui quelque siècles plus tard rayera l’Aragon et les Estats catalans d’un trait de plume. Dans cette perspective, comme Raymond de Toulouse au début, il avait voulu éviter à tout prix d’entrer en conflit avec la Papauté et la monarchie parisienne. Le rapport de force allait peut-être enfin changer. Hélas, comme s’il y avait un ‘bon dieu’ matérialiste historique pour punir leur politique erratique et uniquement tournée vers leurs intérêts personnels, l’armée occitano-catalano-aragonaise de Pierre II et Raymond VI sera écrasée sur le champ de bataille. Les rois capétiens n’interviendront directement que quelques années plus tard, avec les successeurs de Philippe Auguste, Louis VIII et ‘Saint’ Louis IX, pour anéantir les dernières résistances populaires, nobles et cathares. C’en était fini de l’indépendance politique de notre Nation, ‘confédération’ de fiefs et de républiques urbaines, ‘république aristocratique’ comme l’analysera bien plus tard Engels. L’Aquitaine (du Limousin à la Gascogne) sera encore disputée avec les rois d’Angleterre jusqu’au milieu du 15e siècle, la Provence semi-indépendante sera définitivement annexée par Louis XI en 1481, et Louis XIII et Louis XIV se chargeront au 17e siècle de mettre fin aux dernières semi-indépendances pyrénéennes. Comme souvent dans l’histoire, dans un mode de production (la féodalité) en crise, la classe dominante d’une Nation s’est emparée… d’une autre, achetant, soumettant ou liquidant ses élites, et s’appropriant ses richesses et ses forces productives : ce que l’on a pris l’habitude, depuis, d’appeler IMPÉRIALISME. Le Royaume de France des Capétiens, de leur aristocratie et de leur bourgeoisie de Cour, future ‘République une et indivisible’ du Capital monopoliste, était né.
Cette sanglante tragédie de notre Peuple a eu lieu, donc, il y a 800 ans. Autrement dit, une ‘éternité ; ‘cela remonte à Hérode’ nous diraient sûrement, comme pour l’esclavage des Africain-e-s ou le génocide des Amérindien-ne-s, les pourfendeurs habituels de la ‘dictature mémorielle’ – comme si le présent pouvait être autre chose que le fruit du passé, et comme si les revendications ‘mémorielles’ tombaient du ciel, sans aucune racine dans la situation actuelle. Et pourtant ! Que cette sanglante Conquista ne fait-elle pas penser à tant de guerres et de sanglantes impositions de l’exploitation impérialiste aujourd’hui à travers le monde ; contre lesquelles se dressent jour après jour les résistances des Peuples, de nos camarades kurdes et palestiniens, des Irakiens et des Afghans, des Mayas du Mexique et des paysans de Colombie, et la forme la plus avancée de résistance, la Guerre populaire de nos camarades indiens, philippins, d’Anatolie (État turc) ou du Pérou… Le matérialisme ignore le hasard. Il y a 800 ans, lorsque le sang de l’Occitanie égorgée coulait à Muret, à Béziers ou encore à Montségur, le capitalisme voyait le jour. La Conquista de notre Peuple (ainsi que du ‘Grand Ouest’ de la Normandie au Poitou) ne fut ni plus ni moins que l’ACTE DE NAISSANCE… de la ‘France’ comme État moderne, lorsque Philippe II Auguste devint roi de France ; et cet État fut pour les siècles suivants l’instrument politico-militaire de l’aristocratie ‘franque’ liée au monarque, mais aussi d’une classe émergente, la bourgeoisie capitaliste (du Nord mais aussi occitane traître) qui trouvait là, à ce stade de son développement, un grand marché intérieur et le cadre politique adéquat à son activité fondamentale : l’accumulation de richesses. Il y a deux sortes de modes de production ‘barbares’ : un mode de production qui émerge, et ne s’embarrasse guère de scrupule dans l’accumulation de ses premières grandes fortunes ; et un mode de production qui agonise et qui, pour défendre les privilèges accumulés, ne recule devant aucun crime. L’État français moderne, du 13e siècle jusqu’à 1789, mariait les deux : un capitalisme émergent en accumulation sauvage, et une féodalité pourrissante dans l’hyper-concentration absolutiste de la propriété éminente. Et, n’en déplaise à nos pourfendeurs de la ‘repentance’, la situation actuelle, l’État français contemporain, œuvre des révolutionnaires bourgeois (notamment Napoléon) qui renversèrent l’absolutisme, et une grande partie de la situation mondiale où l’État français ‘joue un rôle’, sont le produit direct de cette histoire. La Conquista a donné naissance à l’État français ; comme la conquête de l’Écosse, du Pays de Galles et de l’Irlande a donné naissance à l’État britannique et la conquête d’Al-Andalus, à l’État castillan puis espagnol. L’État français a donné naissance à l’impérialisme du même nom, d’abord ‘accumulateur primitif’ préindustriel (à l’époque de Louis XIV, Louis XV etc.), puis monopoliste (avec la sinistre 3e République égorgeuse des Communes). Dans son texte de référence sur notre ‘France du Sud’, Friedrich Engels, qui fait correctement s’achever la conquête totale à la fin du 15e siècle (après la Guerre de Cent Ans, on pourrait même dire début du 17e pour une bonne partie de la Gascogne), fait ensuite résister nòstre Occitània… pendant 3 siècles, soit jusqu’en 1789. Et à vrai dire, Engels, qui était un brillant théoricien socialiste mais aussi… un rentier capitaliste et un défenseur assez borgne du ‘rôle historique progressiste’ du capitalisme, fait quelque peu s’arrêter l’histoire quand cela l’arrange ; car le vote démocrate-socialiste massif de 1848-49, la résistance massive (et au contraire très faible au Nord de la Loire) au coup d’État bonapartiste de 1851[1], les Communes de 1871 (Marseille, Narbonne, Toulouse, Limoges etc.), la Grande Révolte de 1907, c’était encore de la résistance occitane, même s’il n’y avait pas de revendication séparatiste, tout au plus anti-centraliste (mais il n’y en avait pas, non plus, pendant les Guerres de Religion !).
L’État français est né à partir d’un Centre, la région de Paris, siège du pouvoir politique monarchique et du pouvoir économique de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie de Cour, qui a soumis par le fer puis la poudre les Peuples de l’actuel Hexagone qu’il a transformés en Périphéries, masses de producteurs taillables et corvéables à merci. Puis il est allé chercher des périphéries outre-mer, devenant Empire. L’État espagnol (d’abord royaumes de Castille et d’Aragon), de même, est né par la conquête de l’État musulman de Cordoue, puis par l’imposition de la Castille à l’Aragon, aux Pays catalans et au Pays Basque, aux Asturies et à la Galice ; et l’État britannique est né de la conquête anglaise des peuples celtiques : dans ces deux cas, l’ordre imposé aux conquis fut encore plus ouvertement colonial. Plus près de nous dans le temps, dans le cadre d’une véritable construction d’État par la bourgeoisie seule (et une maison monarchique ‘libérale’), l’État italien est né par la conquête et la périphérisation du Mezzogiorno : il ne s’est rien passé d’autre en ‘France’, avec le ‘Midi’, mais plus tôt et beaucoup plus étalé dans le temps, sur plusieurs siècles.
C’est seulement dans les décennies suivant la Seconde Guerre mondiale, dans les forêts de grues et de barres d’immeubles de la ‘reconstruction’ et des ‘Trente Glorieuse’, que l’Occitanie a pu sembler disparue à jamais. Mais à cette même époque, les grandes luttes anti-impérialistes qui secouaient le monde, du Vietnam à l’Angola, poussèrent une partie de notre Peuple à relever la tête et à se réaffirmer, après trois générations non pas de suppression politique (celle-ci étant totalement achevée depuis 1789), mais de véritable tentative d’ethnocide, de suppression nationale-culturelle en tant que Peuple. Cependant, ce mouvement est resté pris dans de profondes entraves théoriques : il ne s’est pas emparé du marxisme révolutionnaire, qui pourtant dirigeait souvent les luttes anti-impérialistes dont il s’inspirait, pour comprendre la Question occitane à sa lumière. S’il a bien vu les évènements que nous venons d’exposer, et revendique fièrement cette ‘tragédie du Peuple occitan’, il n’a jamais compris leur enchaînement et leur logique matérialiste dialectique ; et il n’a jamais compris le ferment révolutionnaire formidable que contenaient ses propres revendications, car si la conquête de l’Occitanie a été la naissance de l’État français capitaliste et impérialiste, la libération de notre Peuple ne peut que signifier sa mort ! Ceci a conduit ce mouvement à la faillite, d’autant plus qu’il ne peut pas, comme en Catalogne, compter sur l’appui d’une véritable et puissante bourgeoisie ultra-autonomiste ou indépendantiste : pour des raisons historiques, la grande bourgeoisie occitane est idéologiquement (ultra-majoritairement) ‘française’, bien au chaud dans le cadre douillet de l’État français, elle a pu résister violemment sous l’Ancien Régime mais depuis la Révolution bourgeoise, elle a globalement trouvé son compte (même si c’est en position subordonnée) et ce n’est pas elle qui souffre vraiment de notre négation. La petite et la moyenne bourgeoisie la suit en grande majorité sur cette position, même si elle peut parfois râler (avec un Pierre Poujade par exemple) contre le centralisme et la ‘bureaucratie’ de Paris. S’il y a, en Catalogne ou au Pays Basque, une bourgeoisie dynamique qui se sent (historiquement) ‘parasitée’ par la Castille, dominante politico-militairement mais moins avancée économiquement, en Occitanie la bourgeoisie et autre ‘élites’ ont eu 8 siècles pour se vendre ou disparaître ! Le ‘cœur’ et la ‘clé’ de la question occitane se trouve clairement, totalement et uniquement dans les masses prolétaires et populaires ; il n’y a aucun ‘modèle’ à chercher, pour notre émancipation, au Sud des Pyrénées.
Le questionnement et la compréhension de ce qui précède a finalement amené, ces dernières années, des militants ‘occitanistes’ de longue date à se saisir de la théorie marxiste et à comprendre, à travers elle, les problèmes contre lesquels ils militaient ; tandis que, de l’autre côté, des communistes révolutionnaires qui ne s’étaient jamais réellement penchés sur la question occitane sont venus à comprendre combien elle était au fondement même de l’existence et, donc, de la continuité de cet État français du Capital qu’ils combattent. Ceci a donné lieu a une très importante (même si, peut-être, encore imparfaite) réflexion et production théorique que l’on peut trouver, notamment, sur les sites Sheisau Sorelh et Servir le Peuple.
De ce travail théorique ressortent deux conclusions fondamentales :
1°/ Le monde capitaliste que nous connaissons s'est construit à partir de Centres, qui ont concentré au fil des siècles le pouvoir économique, politique et idéologique/culturel, subjuguant des Périphéries où se sont concentrées la misère et l'exploitation ; périphéries en cercles concentriques autour des Centres et de leurs 'antennes-relais', depuis les banlieues-ghettos des grandes métropoles impérialistes jusqu'au plus affamé 'Tiers-Monde'. Ainsi le capitalisme, à partir du moment où il s'est doté d'un bras armé étatique (monarchie absolue puis État bourgeois), a-t-il nié les organisations sociales antérieures. Il est donc logique que la lutte révolutionnaire du prolétariat, négation du capitalisme par le communisme, se déploie des Périphéries en direction des Centres : les Périphéries sont les 'campagnes' de chaque pays et du monde, dans ce qui est la véritable universalité de la Guerre populaire théorisée par Mao et d'autres. Au sein de chaque État capitaliste, les révolutionnaires doivent identifier où sont les 'campagnes' et où sont les 'villes', où sont les Centres et les Périphéries, desquelles et vers lesquels déployer la lutte.
Ceci, sans mettre en cause les meilleures et les plus généreuses volontés (laissons de côté les groupes ouvertement ultra-jacobins : POI, CNT-AIT etc.), reste souvent mal compris par beaucoup de personnes et d’organisations révolutionnaires que l’on peut qualifier de ‘centrales’ ; soit de par leur position géographique (‘vraie France’ du Bassin parisien ou ‘centres-relais’ tels Lyon, Nantes etc.) dont elles ne comprennent pas et donc ne remettent pas en question les ‘privilèges’ qui y sont attachés ; soit parce qu’elles perçoivent (consciemment ou non, et à tort ou à raison) leur position/existence sociale comme liée à l’État bleu-blanc-rouge et à l’Empire (fonctionnaires, salariés publics ‘à statut’ ou d’entreprises à commande d’État, aristocrates-ouvriers) ; soit par pure aliénation (sous l’influence des deux premiers cas). Cet État français, elles veulent le transformer en république socialiste, ‘reconnaissant’ éventuellement les ‘cultures régionales’… mais pas le DÉTRUIRE, comme il se doit, pour le remplacer par quelque chose de complètement nouveau, politiquement et socialement, quelque chose qui ne peut d’ailleurs être l’œuvre que des masses en révolution, et non de quelques ‘ingénieurs politiques’ dans un bureau.
2°/ Toute la misère de l''occitanisme' depuis l'après-Seconde Guerre mondiale se résume à s'être placé, pour 90% de ses déjà maigres troupes, dans une perspective RÉFORMISTE (en l’occurrence autonomiste ou 'régionaliste', 'décentraliste', mais eût-elle été indépendantiste comme en Catalogne que pour nous communistes, sans renversement du capitalisme, cela reste du réformisme), ou alors dans une perspective 'autogestionnaire' utopiste, rejetant le marxisme, théorie révolutionnaire de notre époque, ce qui revient au même car 'sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire conséquent' (Lénine). Ils n'ont pas envisagé la Question occitane dans le seul cadre qui permette sa résolution : la Révolution prolétarienne mondiale dont la nouvelle vague se lève à présent dans le monde entier ; et l'Occitanie, dans l’État capitaliste français, comme de toute évidence la première 'campagne' dans la lutte révolutionnaire contre celui-ci : la Périphérie (concentration de misère et d'exploitation) la plus grande et la plus peuplée, et de surcroît la plus ancienne ; en fait, la première et fondatrice : c'est précisément de la conquête de nòstra terra et de l'asservissement de nòstre Poble, il y a 8 siècles, dans le fracas et le sang de Muret, qu'est né le Royaume de France, premier avatar de ce qui allait devenir l'un des principaux États impérialistes de la planète. Faute de placer leur lutte dans cette perspective (la seule correcte), faute de lui donner cette dimension, les 'occitanistes' étaient condamnés à l'échec.
C'est que, n’étant pas ou très ‘vite fait’ marxistes, ils n’ont pas compris le matérialisme dialectique et le matérialisme historique ; ils n’ont pas compris l’Histoire comme un processus de négation de la négation. Engels illustrait cela par l’exemple d’un grain qui en disparaissant donne une plante qui en disparaissant à son tour, donne des dizaines de grains. De la même manière, tout mode de production et tout ‘système’ de société a d’abord nié (aboli, renversé, supprimé) un système inférieur, puis sera nié à son tour par un système supérieur. Le capitalisme, avec son bras armé l’État moderne, a nié le système féodal avec ses ducs, ses comtes, ses barons, ses abbés etc. ; accomplissant par là une douloureuse mais NÉCESSAIRE étape historique pour l'humanité : il a permis un développement sans précédent des forces productives, des sciences et des techniques, arrachant finalement l'humanité à l'impuissance face aux forces naturelles (aléas climatiques, famines, épidémies) ; jamais dans l'histoire le génie humain n'avait été autant stimulé que par la perspective capitaliste d'en tirer un profit financier. D’autre part, et surtout, il a permis l’affirmation de l’humanisme : la reconnaissance et la valorisation de la personne humaine comme maîtresse de son destin, ayant des droits ‘naturels’ et ‘inviolables’ etc. etc., ce qui est logique, car le capitalisme fait de l’être humain le seul propriétaire de sa force de travail, qu’il est certes souvent réduit à vendre, et non plus la propriété d’un maître d’esclave, chose que l’on retrouvait encore au Moyen-Âge dans certaines formes de servage. Tel a été le rôle historique du capitalisme et de l’État moderne ; telle a été la signification de la ‘France’ dans l’Histoire.
Mais ce faisant, le capitalisme a aussi démantelé avec une violence inimaginable la communauté populaire précapitaliste, relativement démocratique et solidaire sous l'autorité féodale qui se contentait de lui prélever régulièrement ses taxes et ‘redevances’ et d’intervenir lorsque l’on faisait appel à elle, mais pour le reste 'faisait sa vie' dans ses châteaux et abbayes ; une communauté populaire traditionnelle dont nous avons eu des exemples jusque très tard – jusqu'en 1789 en fait – avec nos 'républiques' de montagne occitanes. Démantelé en Europe d’abord, comme dans notre Occitanie, puis sur les autres continents, où l'irruption de la colonisation européenne entraîna cette fois de véritables génocides, qu’il fallut compenser par l’esclavage des Africain-e-s etc. etc. : en fait, pour les nécessités de son développement, de l’accumulation et de la valorisation du capital, le capitalisme a constamment piétiné d’un côté les valeurs humanistes qu’il générait de l’autre !
Ces masses arrachées à leur vie sociale traditionnelle et immémoriale, il en a fait des prolétaires modernes ; et les terres que ses Centres (ses ‘points de départ’) ont peu à peu soumis à la loi de la plus-value, il en a fait des concentrations de misère et d’exploitation, des Périphéries. Mais aujourd’hui, après la révolution industrielle (aux conditions déjà terribles) et l’entrée dans son stade suprême monopoliste et dans sa crise générale quasi-permanente (de 1870 à 1945 puis de 1970 à nos jours), le capitalisme a cessé de jouer tout rôle historique progressiste pour l'humanité : l’heure est venue pour lui d’être renversé, d’être nié, justement par ces Peuples qu’il a transformés en prolétaires, en Périphéries ! L’État moderne français, instrument politique du capitalisme, a anéanti l’Occitanie médiévale ; à présent, c’est son tour d’être anéanti par l’Occitanie comme projet révolutionnaire, l’Occitanie populaire et socialiste, dont la libération sera une petite pierre apportée à l’édifice de la Commune universelle, car le prolétariat et les masses populaires opprimées et exploitées veulent désormais le COMMUNISME.
Et la Commune populaire, cellule de base de la future société communiste, objectif premier de notre lutte révolutionnaire de classe, ne sera finalement rien d'autre que la négation communiste du capitalisme, la négation du capitalisme et de son État moderne qui a lui même nié la communauté populaire précapitaliste ; donc, dans un sens, rien d'autre que la commune urbaine ou la 'république villageoise' occitane médiévale que l’État français a liquidé, à un niveau supérieur, comme pouvaient l'affirmer José Carlos Mariátegui pour la communauté paysanne précoloniale des Andes (ayllu)[2] ou John MacLean pour la communauté 'clanique' écossaise[3], ou même encore… Marx, sur la fin de sa vie, au sujet du mir russe[4]. Mais c'est bien là quelque chose que n'ont jamais compris les 'occitanistes', et sur lequel ils n'ont jamais le moins du monde basé leur combat !
Nous en sommes donc arrivés à la conclusion que, dans l’État français, la Question occitane (posée de manière réformiste depuis un demi-siècle par les 'occitanistes') n'a pas d'autre place que dans le cadre général de la révolution prolétarienne ; de la Guerre populaire prolongée qui se déploie des Périphéries de la construction politico-militaire et socio-économique bourgeoise vers le Centre ; nòstre Occitània étant non seulement l'une des Périphéries les plus opprimées en termes de pauvreté, chômage, mépris pour notre peuple et notre écosystème etc., mais aussi et surtout la périphérie FONDATRICE sur laquelle est née l’État français comme projet capitaliste d'exploitation et d'oppression MONDIALE.
Par conséquent, la Question occitane n'a pas d'autre résolution possible que dans la fondation de l'instrument indispensable aux masses pour mener la lutte révolutionnaire acharnée qui la résoudra : le Parti communiste d'Occitanie.
Ce huitième centenaire de la sanglante bataille du Muret, qui scella la conquête de notre Peuple et, en donnant naissance à l’État français, le sort de tant d'autres sur la planète, est donc l'occasion d'annoncer la formation d'un Comité de Construction pour le Parti communiste révolutionnaire des Terres d'Òc ; instrument de la lutte révolutionnaire de classe dans notre périphérie/'campagne' occitane, en lien avec toutes les autres forces révolutionnaires authentiques de l’État français pour abattre celui-ci, et le capitalisme dont il est le bras armé.
ÒSCA LO COMITAT DE CONSTRUCCION PEL PARTIT COMUNISTA REVOLUCIONARI DE LAS TÈRRAS D’ÒC !
PÒPLE D’ÒC ENDAVANT CAP A LA REVOLUCION PROLETARIANA !
SOCIALISME E LIBERTAT !



[1] L’Empire, dans l’esprit des masses, c’était les Préfets tout-puissants, nommant les maires et les conseils municipaux etc. : il est donc évident que résister au coup d’État et au retour du bonapartisme c’était refuser cela, c’était vouloir la souveraineté locale du peuple, c’est donc de la résistance du peuple ‘provincialisé’ contre une version ultra-autoritaire de centralisme ‘français’, et il est logique que cette résistance ait été très importante en Occitània.
[4] http://bataillesocialiste.wordpress.com/documents-historiques/1881-03-projet-de-reponse-a-vera-zassoulitch-marx/  Lénine en revanche rejettera ce point de vue, affirmant que le mir n’existait déjà plus depuis longtemps, depuis le 17e siècle en fait, avec l’émergence en Russie de l’absolutisme et du servage moderne… Mais la question, n’en déplaise à Vladimir Illitch, n’est pas que la communauté populaire précapitaliste existe encore (si en Russie "le paysan était asservi au propriétaire du sol, il ne travaillait pas pour lui-même mais pour le boyard, le monastère, le propriétaire foncier", il en allait exactement de même, depuis des siècles, en Amérique coloniale espagnole et en Écosse sous domination britannique) ; elle est que son souvenir vive encore, même de manière diffuse et non-conceptualisée, dans le cœur des masses et guide leurs aspirations et leurs luttes pour une société meilleure !

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