DECLARATION
A L’ATTENTION DE L’OPINION PUBLIQUE
NATIONALE ET INTERNATIONALE
DE LA
DETENUE POLITIQUE MYRIAM AMANI
Liberté
pour la détenue politique Myriam AMANI
Je soussignée Myriam AMANI, prisonnière
politique du groupe des détenus du 19 mai de Marrakech, déclare à l’opinion
publique nationale et internationale entamer une grève de la faim de 48 heures
comme premier avertissement, avec possibilité de poursuivre par une grève
ouverte dans le cas où mes revendications n’auraient pas abouti.
Cette forme de lutte et de
résistance s’impose désormais inévitablement à moi puisque toutes les autres
voies pour imposer mes revendications simples et légitimes n’ont pas abouti.
Depuis le 19 mai 2016 - date de mon arrestation-, mes geôliers n’ont eu de
cesse de me réprimer : mes lunettes de vue ont tout d’abord été
cassées ; j’ai ensuite subi toutes sortes de mauvais traitements et de torture
au sein de la préfecture de la répression ; j’ai aussi fait une demande
auprès du procureur du royaume afin de pouvoir bénéficier d’une expertise
médicale mais ce dernier a refusé d’entendre ma demande et mes plaintes contre
les exactions que mes camarades et moi-même avons subies. Par ailleurs, quand
j’ai été transférée à la prison civile de Boulmerez, j’ai aussi demandé à
pouvoir consulter un ophtalmologue pour que mes lunettes soient réparées et me
soient rendues afin de pouvoir préparer mes examens : mais là encore, ma
demande est restée lettre morte. J’ai alors demandé à avoir un entretien direct
avec le directeur de la prison : ce dernier n’a pas seulement refusé ce
rendez-vous mais il a aussitôt autorisé que je sois torturée sur le simple
motif de cette demande. Je n’oublie pas non plus les humiliations répétées au
quotidien et perpétrées à mon encontre par les femmes-gardiens, ni le refus qui
m’a été imposé de toute communication téléphonique avec l’extérieur.
Suite à tous ces méfaits, pour
exprimer mon refus de tolérer cette situation qui nous est imposée à mes 12
camarades et à moi, et pour refuser aussi que ma dignité en tant que
prisonnière politique soit bafouée, j’ai pris la ferme décision d’entamer une
grève de la faim de 48 heures, comme première alerte qui sera certainement
d’une grève illimitée – et cela pour demander :
-
la libération de tous les prisonniers politiques
-
l’arrêt des charges fomentées contre nous
-
notre reconnaissance en tant que prisonniers politiques
-
un droit de visite direct pour ma famille
et mes amis
-
le droit d’avoir des communications
téléphoniques
-
le droit de pouvoir bénéficier de soins et
d’une hygiène correcte
-
le droit de pouvoir poursuivre mes études
-
le droit à un temps de promenade prolongé.
Enfin, je déclare être retenue ici
sans raison valable, de manière totalement arbitraire. Nous saluons haut et
fort tous ceux qui expriment leur solidarité avec nous, que ce soit des
militants ou des organisations démocratiques et progressistes.
Vive
la voie de la lutte !
Liberté
pour tous les prisonniers politiques !
La détenue politique Myriam AMANI
Numéro d’écrou : 44366
Prison civile Boulmerez
– Marrakech
Le 23 juin 2016
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