Sans révolution pas de libération ! Pour un féminisme prolétarien !
La tribune des 600 femmes contre les violences
sexistes et sexuelles a trouvé un écho retentissant dans les médias. Ces
600 premières signataires appellent à descendre dans la rue le 24
novembre prochain. Cette tribune n’est pas une analyse mais une volonté
de réunir le plus largement possible. Elle s’affiche comme une
continuité de l’explosion du mouvement #metoo il y a un an, prolongé
dans la rue.
Il est clair qu’un point fort, un moment commun de
lutte des femmes contre les violences sexistes et sexuelles est
nécessaire. Le mouvement #metoo et #balancetonporc ont eu un impact
positif sur la libération de la parole, la prise de conscience des
violences subies et un regain de confiance en soi pour de nombreuses
femmes. Si cela constitue en effet des éléments pour entamer un
processus d’organisation et de transformation, cela est loin d’être
suffisant.
Tout d’abord parce que « exiger des mesures
ambitieuses et des moyens » est un leurre. Nous ne devons rien attendre
du vieil Etat, et surtout pas qu’il nous protège ! C’est lui même qui
est responsable de la mise en place et de la sauvegarde d’institutions
qui garantissent le maintient du statu quo, c’est à dire une place
« toujours derrière l’homme » pour les femmes.
Ensuite parce que nous devons en effet changer les
hommes en ce qu’ils ont d’oppresseurs pour les femmes ; et nous devons
changer les femmes pour qu’elles prennent confiance en elles et
réalisent tout le potentiel qu’elles ont malgré toute une éducation à
leur dire qu’elles sont inférieures. Mais ces changements ne peuvent
passer que par la lutte, mais surtout par la lutte révolutionnaire. Nous
sommes matérialistes, c’est à dire que nous pensons que c’est le monde
autour de nous qui façonne notre façon de penser et que donc, un système
se répercute à tous les niveaux sur les individus qui le composent.
Sans changer fondamentalement de système, impossible d’un changement
réel et durable. La transformation des hommes et des femmes ne peut se
concrétiser réellement et durablement que par un nouveau système et au
travers du processus révolutionnaire qui détruira l’ancien et créera le
nouveau. Concrètement, il s’agit d’en finir avec ce système
d’exploitation et d’oppression qu’est le capitalisme pour développer le
socialisme en direction du communisme.
Il faut également analyser d’où viennent les
violences si nous souhaitons lutter contre celles-ci. Celles-ci viennent
des hommes, non pas parce que ceux-ci seraient violents par nature
envers les femmes ou que le machisme serait principalement le produit de
la génétique, mais parce qu’au cours de l’évolution des sociétés
humaines, les classes dirigeantes ont tour à tour relégué les femmes à
un rôle unique de reproduction de la force de travail (donner naissance
aux enfants, s’occuper du foyer,…). Les hommes ont ainsi pris la
position dominante à tous les échelons de la société et cela s’est
répercuté dans la société toute entière. Les hommes ont alors défendu
leur place, usant de la violence envers les femmes pour les maintenir
dans une position subordonnée. Mais il n’y a là aucune fatalité ! Tout
comme il n’y a aucune fatalité à ce que le capitalisme soit le système
qui perdurera pendant des millénaires – si tant est que la planète y
survive…
Enfin, il faut bien considérer que toutes les femmes
n’ont pas les même intérêts. Certaines subissent une triple oppression,
celles d’être femmes, prolétaires et victimes du racisme ou vivant dans
des pays dominés par l’impérialisme. Au contraire, certaines ont en
effet intérêt à réformer le système, à le rendre moins pire parce que
leur position de classe les préserve d’aller travailler à l’usine,
d’aller faire les ménages, de s’occuper des enfants des autres 24h/24,
de travailler dans les champs, dans la grande distribution avec des
horaires à la con… Mais pour la grande majorité des femmes, l’intérêt
n’est pas de réformer le système mais bien de le renverser et d’en
mettre en place un nouveau. Un système où on ne serait pas enfermées
dans notre rôle de mère, où il n’y aura pas de « plafond de verre » dans
nos choix de vie, où on ne sera pas obligées d’être à mi-temps,
sous-payées juste parce que nous sommes des femmes. Un système où la
place égalitaire des femmes avec les hommes sera établie si fortement
qu’il en coûtera cher à celui qui oserait s’en prendre d’une manière ou
d’une autre à une femme.
Cette majorité de femmes, c’est nous, les
travailleuses, les prolétaires, les ouvrières, les caissières, les
femmes au foyer/chômage forcé, les « techniciennes de surface », les
livreuses, les serveuses, les magasinières, les logisticiennes, … et
toutes celles qui se placent de notre côté. Nous sommes les femmes les
plus exploitées, celles qui ont le plus à gagner de la révolution.
Notre féminisme à nous n’est pas n’importe lequel. Il
place les intérêts de la classe ouvrière avant ceux des autres. Il
combat côte à côte avec les Camarades, femmes ou hommes, LGBT, qui
veulent avancer vers la révolution. Il combat la bourgeoisie dans son
ensemble, y compris les bourgeoises. Il ne dresse pas de barrières au
sein de la classe. Il rééduque les hommes de la classe pour qu’ils
combattent à nos côtés. Il unit et renforce les femmes de la classe. Il
redonne confiance en nos propres capacités et compétences. Il nous
permet de reprendre nos affaires en main.
Notre féminisme, c’est le féminisme prolétarien. Dans nos Textes de Base, nous l’affirmons en tant qu’outil pour la lutte contre le patriarcat aujourd’hui.
Nous appelons à descendre dans la rue le 24 novembre sous les mots d’ordre :
Sans révolution, pas de libération !
Pour un féminisme prolétarien !
Pour un féminisme prolétarien !
Nous rendrons également hommage à Anuradha Ghandy, dirigeante révolutionnaire indienne et théoricienne du féminisme prolétarien décédée il y a 10 ans.
Construisons le mouvement des femmes par le féminisme prolétarien !
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