Alexander Rodtchenko, A bas l'art (1921)
Il s'agit véritablement de construire de nouvelles structures constructives fonctionnelles, dans la vie et non pas depuis la vie et en dehors de la vie.
Dans la vie réelle, les choses (les objets) se présentent avec une forme utilitaire, ou alors on leur applique de l'art ; quand le matériau est utilisé fonctionnellement, l'objet lui aussi sert clairement le but qu'on lui avait assigné, en n'ayant rien de superflu ou presque ; quant aux exceptions, on n'a pas pris conscience de leur signification dans la vie.
Nous sommes entourés d'objets de ce genre (faussement décoratifs) et à cause d'eux on se précipite dans les églises, dans les musées et dans les théâtres. C'est la vie en tant que telle qui n'est pas comprise, qui n'est pas prise en compte, qui n'est pas organisée.
Les gens s'ennuient, les gens parlent de leur travail comme de quelque chose de lugubre, d'ennuyeux, où l'on perd son temps. Les gens disent de leur vie qu'elle est monotone et vide, à quelques exceptions près, parce qu'ils ne savent pas apprécier en eux-mêmes l'homme qui peut construire, bâtir et détruire.
Ils vont à l'église, au théâtre, au musée, pour "échapper à la vie", pour prendre des leçons de vie... Comment ? Mais en apprenant à rendre la vie "jolie", décorative, au lieu de construire, d'organiser, de structurer. Ces gens-là avaient besoin de l'opium de l'art ou de la religion. Et tous les anciens de l'art "sans objets", à présent constructivistes ou constructeurs, se sont mis à travailler pour la vie et dans la vie. Leur premier objectif, ce fut le travail sur des constructions concrètes.
Est-ce que nous n'en avons pas assez de cette vie stupide, où l'on ne prend conscience de rien, où l'on ne donne valeur à rien, dans laquelle tout est carton pâté et décor : l'homme est enjolivé, son logis est enjolivé, ses pensées sont enjolivées, tout est enjolivé de choses dont on n'a que faire, et cela pour dissimuler le vide de l'existence.
La vie, cette chose si simple, on ne sait toujours pas la voir, on ne sait pas qu'elle est si simple, si claire, qu'il suffit simplement de l'organiser et de la débarrasser de tout ce qui est art appliqué et enjolivures.
A BAS L'ART comme moyen de fuite d'une vie qui n'en vaut pas la peine. La vie consciente et organisée, qui peut voir et construire, est l'art moderne. L'être humain qui a organisé sa vie, son travail et lui-même est un artiste moderne.
Travailler pour la vie et non pas pour les palais, pour les églises, pour les cimetières et les musées. Travailler au milieu de tous, pour tous et avec tous. Il n'est rien d'éternel, tout est provisoire. La prise de conscience, l'expérience, le but, les mathématiques, les techniques, l'industrie et la construction, voilà qui est au-dessus de tout.
Vive la technique constructive. Vive l'attitude constructive envers toute chose.
Dans la vie réelle, les choses (les objets) se présentent avec une forme utilitaire, ou alors on leur applique de l'art ; quand le matériau est utilisé fonctionnellement, l'objet lui aussi sert clairement le but qu'on lui avait assigné, en n'ayant rien de superflu ou presque ; quant aux exceptions, on n'a pas pris conscience de leur signification dans la vie.
Nous sommes entourés d'objets de ce genre (faussement décoratifs) et à cause d'eux on se précipite dans les églises, dans les musées et dans les théâtres. C'est la vie en tant que telle qui n'est pas comprise, qui n'est pas prise en compte, qui n'est pas organisée.
Les gens s'ennuient, les gens parlent de leur travail comme de quelque chose de lugubre, d'ennuyeux, où l'on perd son temps. Les gens disent de leur vie qu'elle est monotone et vide, à quelques exceptions près, parce qu'ils ne savent pas apprécier en eux-mêmes l'homme qui peut construire, bâtir et détruire.
Ils vont à l'église, au théâtre, au musée, pour "échapper à la vie", pour prendre des leçons de vie... Comment ? Mais en apprenant à rendre la vie "jolie", décorative, au lieu de construire, d'organiser, de structurer. Ces gens-là avaient besoin de l'opium de l'art ou de la religion. Et tous les anciens de l'art "sans objets", à présent constructivistes ou constructeurs, se sont mis à travailler pour la vie et dans la vie. Leur premier objectif, ce fut le travail sur des constructions concrètes.
Est-ce que nous n'en avons pas assez de cette vie stupide, où l'on ne prend conscience de rien, où l'on ne donne valeur à rien, dans laquelle tout est carton pâté et décor : l'homme est enjolivé, son logis est enjolivé, ses pensées sont enjolivées, tout est enjolivé de choses dont on n'a que faire, et cela pour dissimuler le vide de l'existence.
La vie, cette chose si simple, on ne sait toujours pas la voir, on ne sait pas qu'elle est si simple, si claire, qu'il suffit simplement de l'organiser et de la débarrasser de tout ce qui est art appliqué et enjolivures.
A BAS L'ART comme moyen de fuite d'une vie qui n'en vaut pas la peine. La vie consciente et organisée, qui peut voir et construire, est l'art moderne. L'être humain qui a organisé sa vie, son travail et lui-même est un artiste moderne.
Travailler pour la vie et non pas pour les palais, pour les églises, pour les cimetières et les musées. Travailler au milieu de tous, pour tous et avec tous. Il n'est rien d'éternel, tout est provisoire. La prise de conscience, l'expérience, le but, les mathématiques, les techniques, l'industrie et la construction, voilà qui est au-dessus de tout.
Vive la technique constructive. Vive l'attitude constructive envers toute chose.
Vive le CONSTRUCTIVISME.
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