miércoles, 9 de noviembre de 2011

CANADA: Pour vaincre la bourgeoisie, une puissante lutte s’impose


Pour vaincre la bourgeoisie, une puissante lutte s’impose

Depuis le 15 octobre, le «mouvement des indignéEs» s’est étendu à tout le Canada. Au moment de mettre sous presse, des occupations de parcs ou d’endroits publics se poursuivaient dans une bonne trentaine de villes, dont Vancouver, Calgary, Edmonton, Regina, Winnipeg, Toronto, Ottawa, Montréal, Québec et Halifax. La question de savoir si le mouvement se poursuivra et s’il trouvera le moyen de confronter le système responsable de ce pourquoi des milliers de gens s’indignent et se soulèvent à travers le monde reste posée.
Jusqu’à maintenant, les autorités semblent tolérer la présence des occupantes et occupants, en espérant peut-être que l’arrivée du temps froid finira par les chasser des lieux publics. Les médias bourgeois, qui n’hésitent habituellement pas à discréditer les manifestantes et manifestants, jettent sur le mouvement #occupy un regard plutôt bienveillant. Il faut dire que le ministre des Finances, Jim Flaherty, a lui-même exprimé sa sympathie envers les indignéEs…

À Toronto, une centaine de personnes continuent à camper au St.James Park. Là comme ailleurs, le mouvement se veut rassembleur. Les communistes révolutionnaires y participent afin de faire avancer la critique du capitalisme et de susciter le débat sur la nécessité d’une alternative globale au système en place. Les supporters du journal Partisan se sont notamment opposéEs à ce qu’on entonne l’hymne national canadien lors d’une des premières manifestations organisées par #occupy Toronto, au Square Dundas. Pour un mouvement qui se veut «inclusif», ce n’était certainement pas la meilleure façon de favoriser la participation des gens des Premières nations, qui subissent la domination coloniale de l’État canadien.

À Ottawa, les occupantes et occupants se sont installées au Parc de la Confédération. Les militantes et militants de l’Association des étudiantes et étudiants marxistes de l’Université d’Ottawa, de l’Association étudiante marxiste de l’Université Carleton et du Parti communiste révolutionnaire (PCR-RCP) ont participé activement à l’occupation, jusqu’à ce qu’un incident disgracieux instigué par un organisateur de l’occupation pathologiquement anticommuniste les amène à décider de quitter les lieux (voir ci-contre).

À Québec, une vingtaine de tentes ont été montées dans le jardin Saint-Roch. Une bonne centaine de personnes sont impliquées d’une manière ou d’une autre dans l’organisation de l’occupation. Tandis que le maire Labeaume se dit prêt à tolérer leur présence aussi longtemps que la chose demeurera pacifique, plusieurs souhaitent que le mouvement soit le prélude «à un grand bouleversement».

À Montréal, environ 200 tentes recouvrent le Square Victoria, rebaptisé «Place des peuples». Le gros des énergies est consacré à l’organisation de la vie quotidienne et à la gestion des rapports entre les participantes et participants. Après la tenue d’une manifestation ayant rassemblé entre 500 et 800 personnes le samedi 29 octobre, les communistes du PCR ont organisé un teach-in, pour discuter des perspectives du mouvement. Durant le débat, deux participants ont exprimé, chacun à leur façon, ses possibilités, mais aussi ses limites.
Partant du fait que le mouvement est parti pour durer longtemps et qu’il faudrait, si on veut vraiment changer les choses, lui trouver un débouché politique, le premier a suggéré que le mouvement #occupy investisse le champ politique, voire qu’il se transforme en parti. Il faut selon lui «sortir» du strict lieu où l’occupation se déroule et s’adresser largement aux masses populaires; sinon, le mouvement n’arrivera pas à obtenir des résultats. Le deuxième s’est opposé à cette idée en disant que le système politique en place est totalement pourri et qu’il vaut mieux s’attarder à faire vivre et maintenir l’occupation, et surtout y développer des rapports sociaux «communautaires».
L’un comme l’autre ont ainsi exprimé deux des principaux dangers qui guette le mouvement – le troisième étant évidemment la possibilité d’une attaque brutale des autorités et des forces de l’ordre, comme certains ont commencé à l’évoquer et comme on l’a vu aux États-Unis, à Oakland, où la police a sauvagement battu et dispersé les occupantes et occupants.

Le premier danger, c’est celui d’une récupération politique par le système bourgeois. Les dominants de ce monde seraient trop heureux de voir toute cette énergie et toutes ces aspirations canalisées de façon à redonner un nouveau souffle à un système capitaliste moribond. Déjà, le système semble s’accommoder de l’existence d’un mouvement «qui soulève de vraies questions», comme les commentateurs le disent dans les médias bourgeois, mais qui ne doit surtout pas déboucher sur une remise en cause radicale du système.

Le deuxième danger, c’est celui d’un enlisement et à terme, de l’épuisement. On peut tenir un discours anticapitaliste ferme et se dire en rupture avec le système, mais celui-ci peut tolérer longtemps l’existence d’un espace autogéré marginal d’où le capitalisme semble avoir été évacué, s’il peut continuer à fonctionner allègrement et à régir la quasi-totalité des rapports sociaux partout ailleurs.
Le mouvement #occupy s’inscrit dans une conjoncture de montée des luttes populaires à travers le monde. Ces luttes ont un dénominateur commun: la profonde crise du capitalisme mondial – une crise multiforme et qui s’approfondit. Cette crise se traduit par l’appauvrissement de la majorité de la population mondiale; par l’exploitation accrue du prolétariat; par la poursuite et la généralisation de guerres injustes; par la destruction à une échelle jamais vue des ressources naturelles et des écosystèmes; et par l’étouffement de nos aspirations légitimes à la liberté et à l’émancipation.
Pour plusieurs participantes et participants au mouvement, il ne s’agit plus d’apporter quelques améliorations ici et là ou de poser un diachylon sur une plaie cancéreuse. On ne veut pas que le mouvement revendique quelques réformes: c’est tout le système qui doit être remis en question! Mais ce système ne tombera pas tout seul, même si certaines et certains ont décidé d’en «décrocher».
Pour renverser le capitalisme, il faut d’abord savoir à qui et à quoi l’on a affaire. Il faut connaître et analyser comment ce système fonctionne, à qui il profite et qui, au fond, y tire les ficelles. Même si le slogan «Nous sommes les 99%» apparaît séduisant, le fait est que la bourgeoisie représente bien plus qu’un pour cent de la population. Et face à elle, il n’y a qu’une classe qui a la force et la capacité de la renverser: c’est le prolétariat.
Si on veut renverser le capitalisme ou à tout le moins lui faire subir une défaite, il faut mobiliser les masses prolétariennes et attaquer la bourgeoisie. Il faut se préparer à mener une lutte politique de grande envergure et de longue haleine, non pas pour revivifier le système bourgeois, mais pour le détruire et le remplacer par une nouvelle forme d’organisation sociale, où le pouvoir sera exercé par ceux et celles qui sont actuellement exploitéEs ou oppriméEs. Cela implique que l’on ait une vision claire de comment l’ennemi est organisé, notamment de ce que représente son appareil d’État.
S’il souhaite vraiment arrêter le rouleau compresseur du capitalisme, le mouvement #occupy n’a pas vraiment le choix: il doit appeler à l’organisation de comités de lutte dans les milieux de travail et les quartiers populaires; il doit susciter l’organisation d’actions révolutionnaires de masse qui attaquent les intérêts des capitalistes; il doit se préparer activement à affronter la répression de l’État capitaliste, qui ne manquera pas de se déployer. C’est ainsi qu’il contribuera vraiment à changer le cours de l’histoire.
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Les communistes de l’Association des étudiantes et étudiants marxistes de l’Université d’Ottawa, de l’Association étudiante marxiste de l’Université Carleton et du PCR se sont impliquées dès le début dans l’occupation du Parc de la Confédération à Ottawa. Ils et elles y ont érigé une tente et tenu des discussions, tout en s’impliquant activement dans l’organisation des lieux, notamment au sein des comités «bouffe» et «premiers soins».
Leur présence fut toutefois remise en question par quelques individus, dont un membre de la «direction cachée» de l’occupation, qui refuse de s’assumer comme telle. Cet individu, qui se définit comme «anarcho-pacifiste» et bouddhiste, s’est lancé dans une campagne de harcèlement à caractère anticommuniste. Il a fini par inciter quelqu’un à déverser de la merde, de l’urine et une couverture pleine de sang sur la tente occupée par les camarades. Cet événement disgracieux s’est produit pendant que la présence de plus en plus visible de néo-nazis et de suprémacistes blancs est tolérée sur le campement.
Les camarades ont décidé de se retirer temporairement du campement, jusqu’à ce que des mesures soient prises pour faire en sorte que le mouvement soit vraiment «inclusif» comme il prétend l’être. La déclaration intégrale des camarades peut être consultée au www.pcr-rcp.ca.
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Dans le cadre des Rendez-vous de la Maison Norman Bethune:
Le Canada en Afghanistan: l’impérialisme dans ce qu’il a de plus répugnant
Depuis le 11 septembre 2001 et le virage sécuritaire «anti-terroriste» occidental, le Canada a considérablement augmenté ses fonds d’«aide internationale», notamment via le budget de l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Pourquoi? Parce que l’«aide au développement» est un des principaux pôles par lesquels l’impérialisme s’impose aux pays exploités. En fait, cette augmentation cible spécifiquement les quelques pays où l’intervention du Canada s’avère stratégique dans l’intérêt de sa politique étrangère au service de la bourgeoisie canadienne. La mission du Canada en Afghanistan, principale récipiendaire de l’aide canadienne au développement, apparaît comme l’exemple par excellence de l’instrumentalisation de la coopération internationale en tant que rouage du système économique canadien, confortant sa position internationale privilégiée. Nous présenterons comment les justifications de l’opération canadienne en Afghanistan sont arrimées sur des intérêts capitalistes, plutôt que sur de réels fondements démocratiques, portés par des objectifs de développement humanitaires. Dans cette optique, nous procèderons à une analyse comportant trois parties principales. Dans un premier temps, nous brosserons un tableau général, dans une perspective historique, de l’évolution de la situation géopolitique en Afghanistan. Ensuite, nous tenterons d’établir les paramètres de la mission canadienne en Afghanistan, en termes de discours et d’action, avant de procéder à une analyse critique de l’instrumentalisation du «développement» au service d’intérêts ploutocratiques de la «communauté internationale». Portrait d’une mission symptomatique.
Le vendredi 11 novembre à 19h00
1918, rue Frontenac
Montréal (métro Frontenac)
Entrée libre • Info: 514 563-1487
www.maisonnormanbethune.ca
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Perspectives post-occupation
Le samedi 12 novembre à 20h30
Sur le campus de l’Université d’Ottawa – le local sera annoncé sous peu
Le mouvement Occupy Ottawa s’est avéré étrange dès le départ. Maintenant que la plupart des éléments progressistes ont quitté le lieu de l’occupation pour diverses raisons, il est temps d’en faire le bilan.
Joignez-vous à notre MC Cheyenne Pepper – une communiste révolutionnaire – qui présidera un panel lors duquel trois militantEs présenteront leurs points de vue sur le mouvement.
Le nom des panelistes sera annoncé sous peu.
À noter qu’il s’agit d’un événement à caractère semi-public. Vous pouvez y amener vos camarades et amiEs, et la plupart des gens sont les bienvenus.
Une invitation du Comité prolétarien d’action révolutionnaire - Proletarian Revolutionary Action Committee à Ottawa (ottawaprac@gmail.com).
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