L'infolettre du Bureau d'information politique
7 juillet 2012
Québec: Poursuivons la grève! Refusons le piège électoral!
Depuis plusieurs mois que dure le conflit entre les étudiantEs et le gouvernement québécois, il est maintenant clair que ce dernier n’a jamais réellement voulu négocier avec les associations étudiantes. Plus la crise s’est développée, plus le gouvernement s’est retranché sur ses positions et réfugié derrière ses chiens de garde (rôle que jouent sous le capitalisme la police et la justice). Après plus de trois mois d’un conflit qu’il n’arrivait plus à contrôler, il s’est décidé à adopter son infâme loi spéciale – le projet de loi 78, devenu la loi 12.
Au fond, l’intention du gouvernement Charest est claire: s’il tient à implanter sa politique «d’utilisateur-payeur» en matière de tarification des services publics et s’il poursuit à l’évidence un objectif électoraliste en se montrant ferme vis-à-vis des étudiantes et étudiants, son objectif premier est d’infliger une défaite au mouvement étudiant. Car l’inverse serait une catastrophe pour la classe dominante et constituerait un signal à toute la classe ouvrière qu’il est possible de lutter – et de vaincre – contre les mesures de crise de la bourgeoisie.
Pendant plus de trois mois, toutes sortes de stratégies de manipulation ont été utilisées par le gouvernement afin de casser le mouvement étudiant. Pour commencer, le gouvernement a cherché à stigmatiser la CLASSE et son porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois. Par la suite, il a accumulé les offres bidon, sans jamais évoquer l’ombre d’un recul sur l’enjeu des frais de scolarité. Finalement, quand il s’est avéré que rien ne fonctionnait et qu’il était incapable de briser la mobilisation étudiante, le gouvernement a adopté en toute hâte la loi spéciale, qui a eu pour conséquence de fermer les campus les plus militants jusqu’à la mi-août.Depuis, le gouvernement place ses pions afin de pouvoir déclencher rapidement des élections, qui pourraient avoir lieu dès le 17 septembre. Il espère ainsi décourager les étudiantes et étudiants de reprendre la grève à la mi-août; et si ça ne marche pas, la loi spéciale sera là pour matraquer les associations étudiantes, que la ministre de l’Éducation pourra pratiquement dissoudre par simple décret. Alors que les libéraux se préparent aux élections et que la mobilisation est dans les circonstances plus difficile, certaines fédérations étudiantes (FEUQ et FECQ) ainsi que des étudiantEs liéEs aux partis politiques bourgeois (notamment le Parti québécois et Québec solidaire) cherchent à ramener la masse d’étudiantEs mobiliséEs sur le terrain des élections. CertainEs ont déjà commencé à évoquer la suspension de la grève le temps de la campagne électorale. Il s’agit là d’un piège que le mouvement doit absolument éviter! Le Parti libéral n’a cessé de répéter depuis des semaines que «les mécontents pourront se prévaloir du droit de vote pour signifier leurs désaccords». En faisant une campagne électorale en même temps que la rentrée scolaire, le gouvernement veut instrumentaliser la crise étudiante. Mais il n’est pas le seul: tous les autres partis cherchent à profiter de la situation. Le message de la bourgeoisie est simple: laissez de côté votre «démocratie directe» et vos assemblées générales, laissez tomber vos revendications et votre lutte, la seule chose réaliste à faire, c’est de voter (pour nous, naturellement!). Le Parti libéral ne sera peut-être pas réélu, mais un autre gouvernement prendra la place et peu importe les résultats, les problèmes mis en relief par la crise étudiante ne disparaitront pas après les élections. Dans la conjoncture actuelle de crise du capitalisme, la bourgeoisie exigera du prochain gouvernement une hausse des frais de scolarité et le parti qui sera en place n’aura d’autre choix que d’acquiescer à ses demandes. Et encore, il n’est même pas impossible que les libéraux soient réélus… La possibilité d’un vrai changement, on la retrouve dans la mobilisation étudiante et populaire. Le changement se construit petit à petit dans les assemblées étudiantes et les assemblées de quartiers, dans les manifestations grandes et petites et aussi dans les actions contre les véritables responsables de la mise en place des mesures d’austérité et des attaques contre les étudiantEs et les travailleurs et travailleuses. Quand on s’attaque à une banque, quand on bloque un siège social d’une grosse corporation, on vise mille fois plus juste que d’aller voter. Quand on manifeste et organise l’expression de la colère des plus démuniEs, on fait mille fois plus pour le changement que de donner un chèque en blanc de quatre ans à des politiciens bourgeois. Il est certain qu’avec les sévères sanctions prévues par la loi spéciale, les associations étudiantes auront de grandes difficultés à maintenir la lutte, si elles ne s’y préparent pas dès maintenant (en accumulant les moyens financiers et techniques nécessaires) et si elles ne bénéficient pas d’une aide de la population travailleuse. Les étudiantes et étudiants doivent absolument reprendre la lutte en août. Il faut se préparer à défier la loi, à la rendre inapplicable en pratique. C’est pourquoi, les associations étudiantes, la CLASSE, les militantes et militants qui peuvent le faire doivent dès maintenant envoyer des signaux clairs sur leur intention de poursuivre la lutte. Il faut annoncer que la session ne recommencera pas si le gouvernement ne recule pas. D’autre part, il faut que les syndicats, les assemblées de quartier, les collectifs et regroupements travaillent à organiser le soutien au blocage des campus à la rentrée, en mobilisant par centaines les volontaires. L’idée de grève sociale est certainement intéressante, mais il ne faut pas se leurrer: pour qu’elle se réalise, il faut que la lutte étudiante se poursuive. C’est pourquoi il faut prioriser le blocage et l’occupation généralisée des campus par les étudiantEs et leurs alliéEs parmi la population. Et s’il y a élection, la suspension de la grève étudiante n’est pas une option. Ce serait abandonner notre sort aux mains de la bourgeoisie. Si la bourgeoisie s’avance sur ce terrain, il faudra répondre par une vaste campagne offensive qui touchera tout ce qui représente le cirque électoral. Le mot d’ordre est simple: pas d’entente avec les associations étudiantes, pas d’élection! La grève étudiante, un enjeu pour la classe ouvrière Dans l’histoire de la lutte des classes, il y a eu des moments qui ont eu une signification politique très importante et ont prédestiné la suite des choses. On peut penser à Mai 1968 ou au Front populaire des années 1930 en France. Au Canada, il y a eu la grève de Winnipeg en 1919 ou le Front commun de 1971. Dans les années 1980, les défaites subies lors de la grève des mineurs en Grande-Bretagne et celle des contrôleurs aériens aux États-Unis ont été marquantes parce qu’elles annonçaient des années de recul du mouvement syndical. Ce qui se joue au Québec actuellement est peut-être du même ordre. Bien sûr, c’est encore un mouvement de lutte étudiant, même s’il tend à s’élargir. Malgré une accalmie temporaire, le mouvement n’est pas encore étouffé et on se prépare à une forte reprise de la lutte à la mi-août, alors que le gouvernement va utiliser la loi 78 pour forcer le retour en classe. Une victoire du gouvernement libéral dans le dossier étudiant serait fortement préjudiciable pour les prochaines années. Son calcul a été de frapper sur les étudiantEs en les dépeignant comme provenant de milieux favorisés et tirant profit de faibles frais de scolarité, si on les compare avec le reste de l’Amérique du Nord. Quoi de mieux que de frapper sur des «enfants gâtés»? À vrai dire, celles et ceux qui avaient le plus à perdre de la hausse, sont restéEs longtemps au front (14 semaines) alors que les étudiantEs des domaines comme la gestion, le droit ou la médecine n’ont pas du tout, ou du moins très peu, participé au mouvement. Un baccalauréat en littérature ou en arts, ce n’est pas très payant après les études, surtout si on est endetté. Alors que plusieurs ouvriers syndiqués ont perdu leur emploi depuis la crise de 2008, c’est maintenant au tour des étudiantEs de faire les frais de la crise. Les cadeaux des gouvernements pour maintenir à flot les grosses entreprises menacées par la crise, il ne faut pas croire que les capitalistes vont les rembourser. Les capitalistes ont eu l’argent des gouvernements, mais plusieurs travailleuses et travailleurs ont perdu leur emploi. Une défaite des étudiantEs signifierait que le gouvernement s’autoriserait de frapper tous les travailleurs et toutes les travailleuses, notamment par des hausses de tarifs et de taxes. Il a déjà commencé avec la taxe santé, la hausse des tarifs d’électricité et l’augmentation de la TVQ, mais il va aller plus loin si les étudiantEs subissent une défaite. Quand un gouvernement subit une défaite face à la rue, on doit se réjouir. Ça veut dire qu’il y a plus de monde qui s’intéresse à la politique et qui s’organise. Ça veut dire qu’on n’attend pas les prochaines élections pour s’impliquer politiquement. Les élections signifient de donner un chèque en blanc à des gens en qui on ne peut pas avoir confiance, surtout si on les laisse faire. Les étudiantEs, en se battant, ont certainement plus de chance de gagner que les travailleurs syndiqués, qui ont été induits en erreur par leurs dirigeants. Le cas d’Aveos est indicatif. Les dirigeants syndicaux pensent qu’en s’alliant avec le gouvernement pour chercher de nouveaux investisseurs, on va pouvoir maintenir les emplois. C’est complètement faux. L’approche des dirigeants syndicaux n’a entraîné que des reculs. Il y a beaucoup de possibilités d’élargir le mouvement de contestation. Par contre, le seul appel à une grève générale ou une grève sociale, ce n’est pas assez. Une défaite de Charest encouragerait les autres secteurs de la population à se battre pour être sûr de ne pas faire les frais de la crise. Les travailleurs et travailleuses ont intérêt à appuyer les étudiantEs par tous les moyens à leur disposition. – Un travailleur de Joliette Dans le cadre des Rendez-vous de la Maison Norman Bethune: Mai 1968 et ses suites Mai 1968 fut la première fois dans la période de l’après-guerre où les larges masses des pays impérialistes se sont mobilisées pour contester le pouvoir bourgeois. Pourtant, les évènements de Mai 1968 sont disparus aussi rapidement qu’ils sont apparus; bien que l’on puisse parler de contestation du pouvoir, nous ne pouvons pas parler de révolution. Aujourd’hui, Mai 1968 fait encore rêver grâce à ce statut de premier éveil massif du prolétariat au cœur des grandes puissances du capitalisme. Dans le cadre de la crise mondiale que nous vivons actuellement, Mai 1968 est remis à l’ordre-du-jour; on entend un écho disant que 1968 est de retour. Si Mai 1968 n’était pas une révolution en soi, ces évènements ont été les premiers d’une nouvelle période d’expériences révolutionnaires en Europe. À partir de l’essai intitulé Vers la guerre civile de Gesimar, July et Morane, nous étudierons les leçons de Mai 1968 et de ses suites pour nous guider sur le chemin à suivre dans la nouvelle période révolutionnaire qui se présente à nous. Le vendredi 13 juillet à 19h00 1918, rue Frontenac Montréal (métro Frontenac) Entrée libre • Info: 514 563-1487 |
sábado, 7 de julio de 2012
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